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Les bonnes fortunes de la Compagnie du Vent

Le dossier administratif de demande d’autorisation, présenté à l’été 2017, désigne comme promoteur du projet la SAS Champ Ricous, filiale de la Compagnie du Vent.

La Compagnie du Vent a été fondée en 1989 par Jean-Michel Germa, « ancien militant écologiste », et est devenue en 25 ans l’une des principales entreprises françaises spécialisées dans les énergies dites renouvelables. En 2016, elle exploitait une capacité installée de plus de 500 MW, essentiellement d’origine éolienne, soit une quarantaine de parcs, en France et au Maroc, dans la région de Tétouan, où quelque 80 aérogénérateurs défigurent avec élégance, depuis le début des années 2000, ce que l’on appelait jadis un paysage… Toujours en 2016, son chiffre d’affaires atteignait 65 M€ pour un bénéfice net de 33 M€, soit plus de 50%, ce qui confirme la remarquable rentabilité de ces installations dès lors qu’elles sont subventionnées par les pouvoirs publics aux dépens du contribuable et de l’usager…

En 2007, le groupe Engie (anciennement GDF-Suez) est entré au capital de la Compagnie du Vent, avec une participation qui allait atteindre 59%. M. Germa continua néanmoins d’en occuper la présidence, se faisant volontiers le héraut de l’éolien industriel et désignant, dans une interview aux Échos d’août 2009, les « grincheux anti-éoliens » comme une « espèce très française et très minoritaire ». En 2011, des différends avec Engie conduisirent à sa révocation avant que le groupe ne lui rachète, au printemps 2017 après quelques années de bataille judiciaire, les 41% qui lui restaient. On observera un parallélisme frappant avec l’acquisition de SIIF Énergies par EDF Energies Nouvelles. Les deux groupes partagent d’ailleurs avec CEMEX (Cementos Mexicanos), le plus gros bétonneur mondial, le privilège insigne de figurer au premier rang des « partenaires financiers » de la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux), dont les « experts » sont régulièrement sollicités, notamment par le promoteur de Champ Ricous, dans le cadre des études d’impact sur l’avifaune…

Curieusement, la Compagnie du Vent a été radiée en janvier 2018 du Registre du commerce et des sociétés, c’est-à-dire que les documents soumis à l’enquête publique qui s’est déroulée du 5 février au 14 mars 2018 n’étaient plus tout à fait d’actualité.

Vir prudens non contra ventum mingit comme disaient les Anciens… Le vent des affaires aura effacé jusqu’au souvenir du nom de l’entreprise fondée par Jean-Michel Germa. Ne le plaignons pas trop, toutefois : en 2016, il était classé par l’hebdomadaire Challenges au 230ème rang des fortunes françaises. Nul doute, et il y a lieu de s’en réjouir pour lui, que la cession de sa part minoritaire dans cette société fort prospère lui aura permis de se rapprocher encore un peu du peloton de tête…

JPM – 5 avril 2018

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